Autour du livre mène des actions de solidarité internationales en rapport avec le livre et a aussi participé à la collecte de matériel pour des envois à Madagascar. Il est bon de s’interroger sur la pertinence de ces actions.

Suite à plusieurs voyages en Afrique, en 2005 j’ai créé une association humanitaire. Au vu du dénuement des plus défavorisés, amener du matériel est la première chose qui m’est venue à l’esprit. Et c’est souvent ce premier réflexe qui vient à beaucoup, conduisant à l’envoi anarchique et sans projet cohérent. Très vite je me suis interrogé sur la problématique du don, que signifie l’acte de donner ? Quel rapport cela engendre-t-il avec le bénéficiaire. L’association Cap Humanitaire a fait des recherches et publié des articles qui m’ont éclairé. En voici un petit résumé.
L’ambiguïté du don:  
Le don, cette forme d’interaction sociale qui matérialise les liens entre individus induit la dette et l’obligation de rendre. Or, dans les projets de solidarité on ne veut surtout rien demander en échange. «Ici il y a trop, la bas ils n’ont rien.». Ce simple constat occulte de fait tout le jeu social qui entoure les échanges. Tentons- nous d’atténuer ce sentiment de dette lorsqu’on est amené à donner ?
Les maux du don

Concurrence au marché local:
En Afrique comme ailleurs, il existe des auteurs, éditeurs, librairies, fabricants de cahier, de crayons, des vendeurs.... Les envois par de nombreuses associations à longueur d’année freinent le développement du marché local
Dépendance: 
Les envois de consommables ne sont que des aides ponctuelles et irrégulières qui ne changeront pas le devenir des gens à long terme et cela ne fait que renforcer la dépendance vis à vis de l’aide internationale.
Inadaptation:
Les marchandises sont rarement adaptées aux besoins locaux.
Recyclage des déchets:   
Le matériel réformé est «généreusement» donné pour s’en débarrasser à moindre frais.
Renforcement de la corruption:   
Sans une réelle implication des bénéficiaires, cela entraîne une déresponsabilisation et la mauvaise gestion. Les gestionnaires seront tentés de détourner ce matériel pour leur propre compte.
Perte d’identité culturelle:       
L’arrivée en masse de biens de consommation renforce la représentation sur l’eldorado européen. «Au Nord c’est mieux», d’où un désintérêt pour sa culture et un renforcement du complexe d’infériorité
Donner autrement.
Du don au partenariat. Cesser le cliché du blanc qui arrive avec des cartons remplis de fournitures scolaires. Le plus important est de tisser une véritable relation par les échanges.
Des alternatives existent:   
L’achat sur place est une des meilleures alternatives. Vendre tous ces vieux livres à «La bourse aux livres» de son village puis utiliser l’argent pour acheter les livres qui seront adaptés à la demande locale.
Mais le mieux c’est de travailler en direct avec les populations concernées afin d’aider à amorcer un processus de développement économique. En prenant soin de s’adapter au contexte local et de ne pas vouloir à tout prix imposer les solutions technologiques du Nord.

Jean-Paul