L'association

Cercle de lecture

Le cercle de lecture se retrouve, en général, le 3ème vendredi de chaque mois, à partir de 20h15, à la salle PASTEL (maison Segond  place St Barthélémy).
Le thème de lecture de chaque séance est défini collectivement ; découverte et intérêt sont toujours au rendez vous !

Chaque mois la médiathèque de Labège met à la disposition des membres d'Autour du Livre une sélection d'ouvrages sur le thème choisi. Ils sont à notre disposition sur la table à droite au bout de la banque d'accueil. N'hésitez pas à les demander au personnel de la médiathèque, que vous veniez ou non au cercle de lecture !

Contact groupe cercle de lecture

Cercle de lecture mars 2024 - L' immigration

Entre Deux Monde de Olivier Norek

Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds. Un assassin va profiter de cette situation. Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.

Henri TB

 

La Mémoire d’Abraham de Marek Halter

Deux mille ans d'histoire d'une famille juive de cette aube de l'an 70, où le scribe Abraham quitte Jérusalem en flammes, à ce jour de 1943, où l'imprimeur Abraham Halter meurt sous les ruines du ghetto de Varsovie.
Cent générations qui, à travers les siècles et les tribulations, du Proche-Orient à l'Afrique du Nord et dans l'Europe entière, se sont transmis le "Livre familial", mémoire de l'exil.
Jusqu'à Marek Halter, le dernier "scribe" qui, aujourd'hui, recrée pour nous la grande aventure.

Henri (TB)

 

Le tiers pays de Karine Sainz Borgo

Deux femmes au milieu du chaos, deux héroïnes confrontées à l’enfer – l’afflux de migrants, à la frontière de deux pays dont on ne connaît pas le nom (Vénézuela et Colombie?),

Le tiers pays est ce cimetière illégal, à Las Tolvaneras, où Visitación Salazar s'efforce de donner une dignité aux morts qui lui sont confiés.
Devant une épidémie mortelle, Angustias Romero qui vient de mettre au monde des jumeaux : Higiono et Salustio, décide de fuir avec Salveiro, son mari. Les bébés, nés prématurés, fragiles, meurent en cours de route. Le froid, la faim font des ravages parmi les migrants exploités par des passeurs sans scrupule.
Pour pouvoir survivre, son mari étant incapable de gagner de l'argent, Angustias fait comme les autres femmes qu'elle côtoie, elle vend ses cheveux. Pour elle qui tenait un salon de coiffure, c'est un déchirement encore plus grand.
Quand elle arrive à Mezquite dont le maire se nomme Aurelio Ortiz, elle apprend qu'une certaine Visitiación enterre les morts dans « Le tiers pays » comme on nomme son cimetière illégal et pourtant indispensable. Angustias, femme très courageuse, a mis les corps de ses enfants, chacun dans une boîte en carton et va tenter de leur donner une sépulture digne.
Débute alors une lutte féroce entre ces femmes et une sorte de parrain de la mafia locale, Alcides Abundio. Propriétaire de Las Tolvaneras, il est prêt à tout pour faire expulser, faire disparaître Visitación et son Tiers Pays car il est le plus riche et le plus puissant. S'ajoutent à cela les irréguliers qui forment une espèce de milice ( les guérilleros) sans foi ni loi qui rançonne, tue ou encore le maire et le curé de la ville.
Cette femme force l'admiration. Elle est joviale, danse, fume et boit comme tout le monde à Mezquite.
Quand un homme ou une femme se retrouve cadavre… Visitación sait parfaitement rendre une apparence digne aux corps qui lui sont confiés et elle apprend cela à Angustias.
Visitation et Angustias tentent jusqu'au bout de sauver ces femmes exploitées par des hommes . Ils savent utiliser les superstitions, jouer avec les croyances religieuses pour asservir un peuple tremblant de terreur devant ceux qui défient la loi en utilisant la corruption et la violence.

Où est passé Salveiro, Simplet, comme l'a nommé Visitación ?
Malgré ce tableau très noir, il faut aller au bout de ce roman afin de voir lueur d'espoir peut être !

 

L’auteur : est née en 1982 à Caracas.Elle a commencé sa carrière au Vénézuela en tant que journaliste au quotidien El Nacional.Depuis son arrivée à Madrid, il y a une dizaine d’années, elle collabore avec plusieurs médias espagnols et est devenue rédactrice de la section culturelle du journal ABC. Son premier roman  La fille de l’espagnole paraît en 2020, Le tiers pays en juin 2023

Stéphanie Decante est traductrice, universitaire et spécialiste de littérature latino-américaine.

Geneviève. (Très bien)

 

AMERICANAH de Chimamanda Ngozi Adichie

 

Dans « Americanah », Chimamanda Ngozi Adichie décrit la vie de jeunes Nigérians de la classe moyenne qui naviguent entre l’Afrique, les Etats-Unis et l’Angleterre et découvrent les délices et les cruautés du monde occidental.

Les premiers chapitres nous racontent la vie de la jeune Ifemelu à Lagos. Elle est intelligente, bien décidée à poursuivre des études supérieures. Mais la situation politique de son pays (professeurs non payés, grèves des universités à répétition) fait qu’elle part, après l’obtention d’une bourse, étudier à Philadelphie aux Etats Unis.

Ifemelu est heureuse de partir même si elle doit être éloignée pendant de longs mois de son amour de jeunesse, Obinze, avec qui elle compte bien se marier.

Aux Etats-Unis, la jeune femme va découvrir le racisme, l’importance de la couleur de sa peau, les relations entre Africains et les Afro-américains, le sort réservé aux Noirs dans une Amérique où la ségrégation est soi-disant abolie. Ses expériences américaines, d’abord très amères et dures, l’éloigneront de son amour nigérian.  Mais peu à peu, sa vie américaine deviendra de plus en plus fructueuse et riche (création d’un blog, très suivi).

Obinze, lui, n’a pas pu obtenir de visa pour la rejoindre. Alors, il va tenter sa chance à Londres. On découvre avec lui le sort réservé aux sans-papiers, les trafics et les réseaux organisés pour exploiter ces gens.

On explique souvent le désir des candidats à l’exil par la pauvreté, les conflits de leurs pays d’origine. Pour Chimamanda Ngozi dichie, les motivations des départs à l’exil sont plus complexes : voir ci-dessous les réflexions de son personnage Obinze

« Alexa, et les autres invités comprenaient tous la fuite devant la guerre, devant la pauvreté qui broyait l’âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix. Ils ne comprenaient pas que des gens comme lui, qui avaient été bien nourris, n’avaient pas manqué d’eau, mais étaient englués dans l’insatisfaction, conditionnés depuis leur naissance à regarder ailleurs, éternellement convaincus que la vie véritable se déroulait dans cet ailleurs, étaient aujourd’hui prêts à commettre des actes dangereux, des actes illégaux, pour pouvoir partir, bien qu’aucun d’entre eux ne meure de faim, n’ait été violé, ou ne fuie devant des villages incendiés, simplement avides d’avoir le choix, avide de certitude. »

Après avoir séjourné 13 ans aux USA et avoir obtenu la nationalité américaine, Ifemelu choisira de revenir vivre à LAGOS et vivra à nouveau une sorte de déracinement. Son pays a bien changé, elle s’est habituée à vivre d’une autre façon. Car c’est une nouvelle Ifemelu qui revient au Nigeria, devenue un peu – mais pas trop – « Americanah ». Americanah est un mot nigérian, utilisé au Nigeria pour se moquer gentiment des gens. C’est du langage parlé qu’on utilise à propos des gens américanisés ou qui ont passé quelques années aux Etats-Unis et qui reviennent avec tous les travers des Nord-Américains, afin qu’on comprenne bien combien ils ont changé là-bas.

Obinze et Ifemelu vont finir par se retrouver. Ce qu’ils feront ensemble ou ne feront pas illumine les dernières pages de ce beau roman.

Katia : très bien

Une femme debout (Catherine Bardon)

La femme debout est Sonia Pierre, fille d’immigrés haitiens, née et vivant dans la misère dans les plantations de canne à sucre en République Domincaine. Les Haïtiens sont partis d’Haiti avec de fausses promesse, et se sont retrouvés, dans un batey, pratiquement en situation d’esclavage dans la plantation : rien n’est prévu pour les accueillir, à part un travail exténuant, et des droits pratiquement nuls.

Sonia Pierre a la chance d’être repérée par un prêtre, qui va réussir à convaincre ses parents, de la laisser partir pour être scolarisée. Petit à petit, elle se rend compte des conditions inhumaines dans lesquelles vivent les travailleurs comme ses parents. Elle va comprendre, qu’elle doit mener le combat, et dès l’âge de 13 ans, va inciter les travailleurs à réclamer des droits.

Elle devient avocate, et crée une organisation, avec d’autres femmes, dont son amie d’enfance, qui n’a pas eu sa chance d’éducation. Pour arracher des conditions de vie décente, pour les gens des batey, permettre l’éducation de leurs enfants. Malgré l’aide internationale, le dictateur de République Dominicaine va tout faire pour contrer ces droits, allant même jusqu’à retirer le droit du sol, aux immigrés qui l’avaient déjà obtenu.

Ce roman est basé sur des faits historiques réels, à partir des années 1950, jusqu’à nos jours. Sonia Pierre est décédée il y a quelques années.

Evelyne (Très Bien)

Raymond Federman « Quitte ou double » Editeur Al Dante-

Raymond Federman est un auteur franco/américain  né en 1928 en France et mort en 2009. Son œuvre est constitué du même matériau autobiographique (sa vie) travaillé à chaque fois de façon différente, et concourent au même but : permettre à l’auteur de survivre au traumatisme qu’il a subi à l’âge de 13 ans quand toute sa famille (sauf lui qui a été poussé par sa mère dans un placard au dernier moment) fut raflé par la police en juillet 42 à Paris pour disparaître à jamais sans laisser de traces.

Raymond Federman nous relate les élucubrations d’un écrivain qui s’imagine prêt à s’enfermer pendant un an pour raconter l’histoire d’un jeune homme (lui-même bien des années auparavant) à son arrivée aux Etats-Unis (en 1948), à l’âge de 19 ans, ayant perdu toute sa famille (ses parents et ses deux sœurs) transformée en savonnettes (c’est dit comme ça dans le livre) dans un camp d’extermination nazie (probablement Auschwitz) et qui choisit (un peu par hasard : il aurait pu aussi décidé de rejoindre de la famille en Afrique) de venir se réfugier aux Etats-Unis, avec comme unique bien sa valise, où un cousin de son père, qu’il n’a jamais vu, peut l’accueillir. Le texte est mis en forme d’une façon très originale : pour chaque page l’écrivain invente une typographie différente, plaçant les mots de gauche à droite (cela arrive le plus souvent –heureusement !), de droite à gauche, de haut en bas, en spirale, en escalier, en rond, en carré, en grand, en petit, en gras, en italiques,…bref les mots se placent en totale liberté (semble-t-il) dans la page (mais selon une logique liée à l’action qu’ils décrivent), déroutant tout d’abord le lecteur avant d’emporter son adhésion. L’écrivain veut écrire l’histoire du jeune homme (qu’il fut) en s’enfermant pendant 365 jours dans une chambre louée ; pour ce faire il n’arrête pas de faire ses calculs pour mener son projet à bien : ainsi, en fonction du montant de son pécule gagné au jeu à Las Vegas et du coût des denrées dont certains sont indispensables (comme le papier toilette), cet écrivain se demande combien il lui faudra de boîtes de nouilles pour survivre dans cette chambre sans en sortir (c’est le moyen incontournable pour arriver à écrire son histoire). En recommençant sans arrêt ses calculs, il se demande surtout comment raconter de la meilleure façon possible l’histoire de ce jeune homme (de lui-même, comprend-on assez vite) : quel est le meilleur prénom à lui donner (il fait son choix mais change d’avis –plusieurs fois !- en cours de récit) ? Comment raconter son amourette avec cette jeune américaine sur le transatlantique ? Ainsi que la première rencontre avec ce pseudo oncle qu’il ne connaît pas ? Et le premier trajet en métro à New-York où il est frappé de voir tant de noirs ? Et son premier boulot à Détroit dans l’industrie automobile ? Et son expérience sexuelle avec la mère de son meilleur pote (noir) ? Federman revient très souvent sur ces mêmes éléments autobiographiques, les reprenant sous différents angles, quasiment sans cesse, essayant par là de trouver la façon la plus juste de les raconter. Cette façon de faire amène une grande distance par rapport aux événements vécus et donne un humour extraordinaire au récit, en y enlevant tout pathos, toute nostalgie inopportune ; cette façon d’écrire traduit finalement, peut-être bien mieux que des descriptions littéraires sophistiquées, ce besoin de vie du jeune homme que fut l’auteur, besoin de vie qui le fit survivre à la tragédie de la disparition de sa famille et qui lui a permis de traverser au mieux les années de travail bien dures dans une ferme du Sud de la France à la fin de la Seconde Guerre Mondiale (sujet d’un autre livre ; »Retour au fumier ») et, certainement, qui l’a fait partir avec détermination et optimisme vers cet Amérique dont il ne connaissait rien mais dont il s’imaginait qu’elle pourrait lui offrir un vrai départ dans l’existence. Outre la description de la construction d’un roman, ce grand livre est un travail très subtil sur la restitution d’une mémoire qui doit tenter de dire l’indicible.

Renaud (TB)

Beat STERCHI «La vache » Edition Zoé- Roman– Suisse -Edité en 2019

Beat Sterchi est un romancier suisse, né en 1949.

Ambrosio débarque un beau jour dans un bourg suisse pour travailler chez un éleveur bovin nommé Knuchel. Il a quitté sa famille et son Espagne natale pour des raisons économiques. Il ne parle pas un mot d’allemand. Son patron est un de ces paysans, de plus en plus rares, qui restent férocement attachés aux pratiques ancestrales, le seul, peut-être, d'Innerwald, à résister à la pression croissante d'un progrès mis au seul service du rendement, aboutissant à une uniformisation croissante des exploitations et à leur rattachement à des groupes agro-alimentaires dont elles deviennent financièrement dépendantes. Knuchel lui, ne veut ni de machine à traire ni d'insémination artificielle, encore moins d'engrais synthétique. Il traite à la main, mène ses vaches au taureau et produit son propre fumier. Malgré sa frêle constitution, Ambrosio apporte rapidement satisfaction à son employeur, qui bientôt ne jure plus que par la vaillance et la dextérité de "son petit espagnol". Mais sa promptitude à vanter les qualités de son employé n'empêche pas ses concitoyens de voir d'un mauvais œil la présence de cet étranger qui ne leur ressemble pas. La « first lady » de l'étable, la reine des vaches, fierté de Knuchel, s'appelle Blösh. Ambrosio, la situation de la ferme devenant de plus en plus délicate, se fera embauché, sept ans après son arrivée, par l'abattoir, grâce à Knuchel. Il sera mieux payer et l'argent qu'il envoie régulièrement à sa famille pourra ainsi être plus élevé. Le récit fait alterner, d'un chapitre à l'autre, le travail à la ferme (rude mais sain, dans le respect des personnes et des animaux) avec celui à l'abattoir, des plus brutaux. Les ouvrier se rendent à l'usine dès cinq heures du matin pour tuer les bêtes à la chaîne, les suspendre, les ouvrir, y extraire les tripes, les couper en deux, … Dans la merde et la pisse ; les animaux crient et gémissent, sentant leur mort venir. Ambrosio y accueillera Blösh, la reine des vaches de Knuchel, méconnaissable, rongée jusqu'aux os, misérable et décharnée. Blösh se mêlera à la cohorte des autres victimes : porcs, génisses, taureaux veaux et agneaux. L'auteur qui connaît bien ce milieu, dresse un portrait apocalyptique de cette industrie qui broie également celles et ceux qui travaillent pour elle. La rentabilité à tout prix, la transformation de l'homme en machine, les conditions de travail dégradantes, la pauvreté des relations humaines sont mis en regard d'un travail à la ferme où la relation à la nature est encore vraie et vivante ; certainement plus pour longtemps tant le progrès de la mécanisation tend à tout déshumaniser. L'auteur décrit aussi le monde social des cafés où chopes et voix s'élèvent, où les jalousies et les mesquineries surgissent.. Le style extraordinaire s'adapte aux différentes situations. Il est tranquille et bucolique pour les épisodes à la ferme ; il est est bref et percutant pour ceux se déroulant à l'abattoir ; il est gouailleur et brutal quand les conversations au café font apparaître la peur de l'étranger.

Renaud TB

La mer, le matin. Margaret Mazzantini

Deux mères et deux fils que la Méditerranée sépare.
Deux rives, deux pays, deux histoires que l'Histoire avec un grand H relie pourtant.
En Libye la révolte gronde. La guerre éclate. Dans un pays en proie à la violence, en pleine déroute, certains n'ont plus le choix. Il leur faut partir avant d'être tués, comme Omar, le mari de Jamila. La jeune femme part donc avec son petit garçon, Farid, trop jeune pour comprendre la violence des hommes. Farid ne connaît que le désert. La terre de ses ancêtres bédouins. Il n'a jamais vu la mer. Mais Jamila sait que le salut est là, que leur unique chance de survie est d'embarquer sur l'un de ces bateaux qui promettent de les mener en Sicile.
Jamila a donné tout son argent au passeur, elle n'a plus rien, plus rien que cette dérisoire amulette qu'elle a nouée autour du cou de Farid, plus rien que son châle qui le protégera du soleil et du sel, plus rien qu'un peu d'eau qu'elle lui donne goutte à goutte, pour qu'il ne meure pas. Et cette force que le désespoir donne aux mères.
De l'autre côté de la mer, vit un autre garçon, Vito, qui ne sait que faire de ses dix-huit ans. Vito est né en Sicile mais sa mère, Angelina, a vu le jour à Tripoli. Pendant onze ans, elle a été arabe. Avant qu'en 1970, Kadhafi, ayant pris le pouvoir, chasse les colons italiens de cette « quatrième rive » de l'Italie ou la faim les avait poussés à émigrer. Elle est partie avec ses parents, qui n'ont jamais pu se sentir chez eux en Italie. Un jour, Angelina a su que les Italiens pouvaient revenir en Libye. Faire du tourisme. Kadhafi était l'ami de Berlusconi. Alors Angelina est retournée à Tripoli avec son fils, Vito, et sa mère, Santa. Angelina a marché sur les traces de son passé, de celui de tous ces Italiens qui ont travaillé la terre de Libye, de ses parents qui avaient repris une petite fabrique de bougies. Elle a même retrouvé Ali, son ami d'enfance. Mais la Libye n'est plus le pays de ses jeunes années, et Ali n'est plus le garçon d'autrefois.
L'été n'en finit pas de s'achever. Vito traîne sur les plages son mal de vivre. Sur la grève, la mer dépose les débris d'un naufrage, les débris d'une histoire. Celle de tous ceux qui ont voulu fuir leur pays mais qui n'accosteront jamais aux rives de l'Italie. Vito ramasse ces vestiges sur la plage. Il sait, il sent qu'il lui faut préserver la mémoire de ces jours terribles. Il colle ses trouvailles sur un immense tableau bleu. Au centre, une de ces amulettes porte-bonheur que les mères arabes mettent au cou de leurs enfants pour les protéger du mauvais sort.

Michel TB

 

 

American Dirt de Jeanine Cummings paru en 2020

 

C'est l'histoire d'une libraire américaine, Lydia. Le récit commence avec l'assassinat de 16 personnes de sa famille, son mari Sebastian journaliste, sa mère, sa sœur, ses nièces, neveus, etc, lors d'un barbecue familial à Acapulco. Lydia et son fils de 8 ans Luca en réchappent car Lydia a accompagné son fils à la salle de bains pour aller aux toilettes et a donc pu se cacher. Premier aperçu de la violence perpétrée par les cartels des neurotrafiquants qui règnent en maitres au Mexique.

L'auteur nous fait faire ensuite un retour en arrière dans la vie de Lydia et on la découvre propriétaire de librairie passionnée par son métier, amoureuse de son mari journaliste engagé et maman très protectrice de son fils Luca, une vie heureuse. Mais elle va brutalement passer de cette existence idéale et bien organisée au statut de migrante qui doit absolument fuir son pays en l'espace de quelques heures pour sauver sa peau et celle de son fils.

En fait, Sebastian a publié un long article sur le nouveau chef d'un cartel tout puissant et très violent « Los Jardineros » qui utilisent des armes pour faire régner la peur mais aussi(comme leur nom l'indique), des outils de jardiniers, bêches , fourches, machetes...etc. Ce nouveau chef qui se fait appeler La Lechuza (le hibou, celui qui a les yeux partout) n'est autre que ce client érudit, délicat, distingué et charmant qui s'est rendu plusieurs fois dans la librairie de Lydia, qui s'est lié d'amitié sincère avec elle et qui éprouve certainement des sentiments plus profonds à son égard sans qu'elle ne se doute de qui il est en réalité.

La parution de l'article de Sebastian va bien sûr bouleverser leur vie à tous, provoquer la mort des 16 membres de la famille de Lydia et sa fuite sur les routes dangereuses du Mexique avec son fils afin de tenter de rejoindre les Etats-Unis.

C'est donc l'épopée de cette femme et des milliers d'autres migrants qui risquent leur vie chaque jour et dont la seule volonté et le seul espoir est d'avancer vers la frontière. Leur quotidien n'est que dangers, embûches, violences, souffrance mais en même temps courage, entraide, solidarité et quelques fois belles rencontres. Ce voyage dans la clandestinité totale se fait à pied dans le désert mais aussi à bord de La Bestia (plutôt sur le toit de La Bestia) ce redoutable train qui fonce vers le nord. Les vols perpétrés par les policiers, les viols, les menaces des tueurs du cartel, les tortures, en font un récit fort, poignant, saisissant et émouvant à la fois.

Ce roman lors de sa parution a soulevé une controverse aux USA : comment une américaine blanche peut-elle se mettre dans la peau d'une migrante mexicaine ? On a accusé Jeanine Cummings d'exploiter la tragédie des migrants c'est ce que l'on a appellé « l'appropriation culturelle ».

Marie (TB)

La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel (2005)

Monsieur Linh est un vieil homme. Il a quitté son village dévasté par la guerre, n’emportant avec lui qu’une petite valise contenant quelques vêtements usagés, une photo jaunie, une poignée de terre de son pays. Dans ses bras, repose un nouveau-né. Les parents de l’enfant ( le fils et la belle-fille de Mr Linh) sont morts et Monsieur Linh a décidé de partir avec Sang diû, sa petite fille, son trésor ,qu'il garde constemmment serrée contre lui. Pour elle, il aura la force de continuer à vivre.

Après un long voyage en bateau, ils débarquent dans une ville froide et grise, sans odeur et sans saveur, avec des centaines de réfugiés. Monsieur Linh a tout perdu. Il partage désormais un dortoir avec d’autres exilés qui se moquent de sa maladresse. Dans cette ville inconnue où les gens s’ignorent, il va oser sortir un jour pour prendre l'air , avec toujours sa petite fille serrée contre lui. Il va rencontrer sur un banc Monsieur Bark, un gros homme solitaire. Ils ne parlent pas la même langue, mais il aime le son de sa voix , à la fois chaleureuse et mélancolique. Une amitié improbable nait entre ses 2 hommes que tout semble séparer .
Philippe Claudel, tout comme Monsieur Linh avec sa petite fille, nous berce avec ses mots.
Un texte court, intense et touchant. Une chute percutante...

Annick (Très Bien)

Coup de cœur de la soirée

 

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Cercle de lecture décembre 2022 : Une pièce de theatre

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Cercle de lecture de sept 2019 -les écrivains voyageurs

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Cercle de lecture mai 2019- Le Quebec

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Cercle de lecture Avril 2019 - Le Sénégal

Dimanche, 14 Avril 2019 17:42

Cercle de lecture Mars 2019 - La ruralité

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Cercle de lecture Janvier 2019- Le vietnam

Dimanche, 20 Janvier 2019 15:23

Cercle de lecture Decembre 2018 - La puissance

Jeudi, 20 Décembre 2018 17:36

Cercle de lecture Novembre 2018- La beauté

Dimanche, 02 Décembre 2018 18:31

Cercle de lecture mai 2018 -Jorge Amado

Dimanche, 03 Juin 2018 10:33

Cercle de lecture avril 2018- Afrique Noire

Mardi, 29 Mai 2018 18:13

Cercle de lecture mars 2018-Littérature belge

Mardi, 27 Mars 2018 09:56

Cercle de lecture février 2018- le train

Mardi, 06 Mars 2018 17:58

Cercle de lecture Janvier 2018- 18ème et 19ème S

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Cercle de lecture Novembre 2017- Europe centrale

Mardi, 05 Décembre 2017 19:51

Cercle de lecture mai 2017 - La nuit

Lundi, 05 Juin 2017 17:31

Cercle de lecture avril 2017 - L'Inde

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Cercle de lecture mars 2017 - Litterature cubaine

Lundi, 01 Mai 2017 00:00

Cercle de lecture février 2017- Ecrivain toulousains

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Cercle de lecture Janvier 2017 - La jungle

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Cercle de lecture - décembre 2016 - Londres

Lundi, 26 Décembre 2016 18:01

Cercle de lecture octobre 2016 - L'Islande

Jeudi, 27 Octobre 2016 13:13

Cercle de lecture septembre 2016 - La fratrie

Lundi, 26 Septembre 2016 13:27

Cercle de lecture Mai 2016 - Le religieux

Vendredi, 27 Mai 2016 19:00

Cercle de lecture Mars 2016

Lundi, 21 Mars 2016 10:43

Cercle de Lecture Février 2016 -Russel Banks

Mardi, 15 Mars 2016 20:30

Cercle de lecture decembre 2015 - Litterature chilienne

Jeudi, 14 Janvier 2016 14:08

Cercle de lecture novembre 2015- entre 1920-1930

Dimanche, 06 Décembre 2015 23:37

Cercle de lecture Octobre 2015 - L'Australie

Mercredi, 04 Novembre 2015 12:01

Cercle de lecture septembre 2015 - Le rire

Jeudi, 01 Octobre 2015 13:00

Cercle de lecture Juin 2015 - La montagne

Vendredi, 31 Juillet 2015 17:43

Cercle de lecture Mai 2015 - Le Far West

Vendredi, 31 Juillet 2015 17:35

Cercle de lecture Avril 2015 - L'Italie

Mardi, 05 Mai 2015 21:26

Cercle de lecture Janvier 2015 - La passion

Mercredi, 18 Février 2015 11:30

Cercle de lecture d'Octobre 2014 - Le passage

Jeudi, 23 Octobre 2014 08:46

Cercle de lecture de Septembre 2014 - L'adolescence

Lundi, 22 Septembre 2014 10:43

Cercle lecture de mai 2014 - L'humour

Samedi, 21 Juin 2014 08:18

Lecture Mai 2014 - Alice Munro

Samedi, 24 Mai 2014 14:00

Lectures d'Avril 2014 - La musique

Jeudi, 01 Mai 2014 21:09

Lectures de mars 2014 - Litterature allemende

Dimanche, 30 Mars 2014 16:33

Lectures de decembre 2013 - le desert

Mardi, 17 Décembre 2013 09:47

Cercle de lecture d'avril 2013 - La famille

Vendredi, 03 Mai 2013 11:21

Cercle de lecture de Mars 2013 -Romans philosophiques

Mercredi, 27 Mars 2013 15:02

Les lectures 2011-2012

Lundi, 01 Octobre 2012 20:48

Le principe du fonctionnement

Vendredi, 09 Septembre 2011 23:02

Les lectures de janvier à juin 2011

Vendredi, 09 Septembre 2011 22:02